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ثقافة Homère, Manguel, Borges et l'anecdote de la bibliothèque de Colombie

نشر في  27 فيفري 2020  (20:39)

L'écrivain argentin Alberto Manguel, invité à Tunis à l’initiative de « la maison du roman » a soulevé, dans une rencontre organisée à la bibliothèque nationale le samedi 22 février, la question de l’universalité de la littérature à travers une anecdote assez révélatrice.

Pour Borges, dit-il, la littérature n’a pas de nationalité, la littérature doit se lire comme anonyme. Et d’enchaîner : « Un texte écrit au 21ieme siècle en Tunisie s’il est bon, doit parler à un lecteur chinois du 25ieme siècle ».

Cette anecdote qui a beaucoup plu à Borges, Manguel la raconta comme suit : "La Colombie a le meilleur système de bibliothèque de l’Amérique latine. Je dis cela en pleine connaissance de mon pays l’argentine. A un moment donné, ils ont inventé le système pour amener les bibliothèques dans les coins les plus reculés du pays à dos d’âne.

Ces bibliothèques portatives s’appellent « Biblioburros », et ces «Bibiloburros » menaient les livres dans des coins très reculés et c’étaient surtout des livres pratiques de cuisine, de jardinage, quelques collections de poèmes et parfois des œuvres littéraires.

Tous les livres étaient toujours rendus. Une bibliothécaire m’a raconté qu’une fois un livre n’est pas retourné de la jungle colombienne au milieu des guerres des narco-trafiquants, des FARC et des paramilitaires. Et ce livre, c’était l’Iliade d'Homère dans une traduction en espagnol.

Alors, elle est allée voir les gens du village et leur a dit : « Très bien, gardez le livre, mais dites-moi pourquoi vous l’avez gardé ? » Ils lui ont répondu : « Parce que c’est notre histoire, car nous vivons une guerre qui n’a pas de sens sous des Dieux qui sont fous et nous souffrons ces mêmes souffrances ».

Puis Manguel commenta ainsi : « C’était pour Borges, et pour moi aussi, l’exemple parfait de l’immortalité de la littérature. La littérature, si elle est profondément humaine, si elle est une œuvre d’art, elle peut nous parler à travers les frontières, à travers les idéologies politiques, à travers les religions, à travers et malgré ceux qui essayent de nous séparer.

Il y a un poète arabe -je ne me souviens pas de son nom, à mon âge je perds la mémoire- qui en parlant des peuples arabes, avait écrit que ces peuples sont séparés mais qu’ils ont en commun la mer et la littérature et je crois que cela peut s’appliquer à l’humanité tout entière. Notre mer commune est la littérature et les histoires d’Ulysse, du petit chaperon rouge, des mille et une nuits racontent nos vies à nous tous. Elles ont été écrites pour nous tous ».

Chiraz Ben M'rad